La question des rythmes scolaires : Etat des lieux

Publié le par Ecole du Sacré-Coeur

La France peine à combler les inégalités, pour Georges Fotinos, ancien IGEN : « L’école française se singularise par deux caractéristiques [...] : une inégalité scolaire entre les élèves qui bat (presque) tous les records [...], et des rangs de classements dans la compréhension par les élèves de la lecture, des mathématiques et des sciences qui ne cessent de descendre depuis 10 ans. [...] À ces faits, il faut ajouter que près de 150 000 élèves sortent chaque année de notre système éducatif sans qualification ni diplôme1. »

La France se trouve en 23e position pour les inégalités scolaires, sur 24 pays classés par le rapport UNICEF de 2010.

Le centre d’analyse stratégique, dans son rapport du mois de janvier 20132, souligne, quant à lui, les mauvais résultats de la France en termes de bien-être à l’école. « Il existe, d’une part, une forte concurrence entre les meilleurs élèves ou les plus favorisés sur le plan socio-économique, et, d’autre part, un sentiment de démotivation chez les autres. Or plusieurs études démontrent que la qualité de l’expérience scolaire et des interactions qui lui sont associées est essentielle pour les compétences sociales de l’enfant, mais aussi pour sa capacité d’apprentissage. »

Ces trois constats sont autant d’urgences à prendre en compte dans l’organisation du temps scolaire afin de permettre à l’école primaire de s’engager dans une réforme en mesure d’articuler le global et le local, les contraintes et les besoins, la vie des familles et celle des acteurs de l’éducation, mais aussi, qui construise des pratiques de coopération entre élèves. L’école doit à la fois tenir compte de la promotion du bien-être des élèves mais aussi de l’exigence de la réussite de tous. ces deux objectifs sont au coeur de la nouvelle loi d’orientation pour l’école, réfléchie depuis le mois de juillet 2012. « Il s’agit d’assurer un plus grand respect des rythmes naturels d’apprentissage et de repos de l’enfant. » En effet, la conférence nationale sur les rythmes scolaires de janvier 2011 faisait le constat suivant :

La journée est trop longue et fatigante, à tous niveaux : amplitude trop longue pour les plus

jeunes, temps d’apprentissage qui ne prennent pas en compte les temps de concentration optimale et les temps de moindre vigilance ; pauses méridiennes tronquées, services de restauration trop courts.

La semaine de quatre jours à l’école primaire est inadaptée et fait l’unanimité dans la description de ses inconvénients : fatigue des élèves et resserrement des enseignements.

L’année scolaire est déséquilibrée : mois de juin inexistant et premier trimestre inutilement long. L’équilibre sept semaines de travail/deux semaines de repos n’est pas respecté.

Le temps global de l’enfant est morcelé par une succession de temps, de lieux et de personnels qui se juxtaposent au lieu de porter un même projet.

Les temps de vie « hors temps scolaire » sont trop laissés aux solutions individuelles et aux aléas locaux.

Les devoirs viennent alourdir une journée déjà longue et sont source d’inégalité car ils sont réalisés en dehors du temps scolaire.

L’aide personnalisée, si elle prive l’élève d’une pause méridienne nécessaire, s’inscrit aussi en négatif. La place de ces temps est déterminante.

La durée des vacances d’été est source de disparité : vacances familiales, culturelles, activités enrichissantes pour les uns, vacuité d’un temps non mobilisé, télévision et ennui pour les autres, livrés à eux-mêmes.

Un consensus était posé sur les préconisations suivantes :

Des horaires et une charge de travail à adapter au niveau d’enseignement : les organisations de parents et d’enseignants recommandent, par exemple, un temps d’enseignement journalier modulé de l’élémentaire au lycée (5 heures, 6 heures, 7 heures).

Une journée moins lourde et non pas nécessairement moins longue :

qui alterne suffisamment les activités pour respecter les biorythmes de l’enfant et éviter la fatigue ;

qui inclue le travail personnel ;

où les pauses soient de vrais temps de repos.

Une semaine à rééquilibrer dans le primaire, mais est-ce en quatre jours, quatre jours et demi ou cinq jours ? Il n’y a pas d’unanimité dans les propositions mais la grande majorité des organisations entendues, toutes catégories confondues, se prononce toutefois pour une semaine de 4,5 jours – ou de 9 demi-journées – afin d’équilibrer le rythme et la charge de travail sur la semaine, de sauvegarder le week-end en famille.

Un 7/2 (sept semaines de travail, deux semaines de repos) à rendre effectif : le calendrier des vacances est loin de faire consensus mais on s’accorde toutefois sur l’objectif à privilégier : « Il faut se rapprocher du 7/2. »

Des vacances d’été en débat : les organisations auditionnées sont partagées, les avis sur le web également, mais une diminution serait envisageable si elle entraînait une meilleure alternance des temps de travail et des temps de vacances.

L’Enseignement catholique, sollicité dans le cadre des consultations en vue de la future loi d’orientation pour l’école avait déjà proposé un cadre plus respectueux des rythmes de vie : « S’il faut chercher à mieux répartir les tâches en veillant à travailler sur des journées plus nombreuses mais plus courtes, il faut aussi s’efforcer de limiter les facteurs de stress qui contribuent à l’impression de surcharge :

en donnant aux élèves, dans le cadre du temps scolaire, les temps nécessaires à l’appropriation et à l’intériorisation. ceci demande de revoir, au sein de la classe, l’articulation des temps d’apport et des temps d’assimilation ;

en arrêtant de surinvestir dans une évaluation-sanction. ceci requiert de déplacer des représentations chez beaucoup d’enseignants et chez beaucoup de parents ;

en allégeant les programmes de l’ensemble des disciplines, en limitant les options et les spécialités pour privilégier la maîtrise de fondamentaux bien ciblés au survol de multiples savoirs juxtaposés ;

en inscrivant le temps prioritaire de la classe dans un cadre plus large qui donne toute leur place aux autres temps et lieux éducatifs de l’école. » dans son Manifeste proposant un « contrat d’engagements » pour la réussite de chaque élève, l’Enseignement catholique définissait trois axes centraux pour développer des formes nouvelles et diverses de rythmes scolaires :

« – favoriser les expérimentations locales adaptées au contexte et construites par accord entre tous les acteurs des établissements et leurs partenaires extérieurs ;

préserver les temps et les lieux nécessaires à la vie de la communauté éducative et à l’exercice de la liberté pédagogique ;

développer les usages des nouvelles technologies et les compétences humaines qui doivent les accompagner. »

Ce Manifeste, publié le 24 Janvier 2012, souligne l’intérêt de l’Enseignement catholique pour l’aménagement du temps scolaire, bien avant le début de la consultation sur la loi d’orientation pour l’école.

La question des rythmes scolaires ne se limite donc pas à fixer un cadre à l’organisation des

établissements. Elle engage des choix quant à la conception de l’acte d’apprentissage et de la

mission de l’école. Elle ne peut écarter une évaluation contextuelle des besoins et des possibles et une approche environnementale diversifiée. Elle place les intérêts de l’élève au coeur du questionnement en privilégiant quatre enjeux : la réduction des inégalités, l’accès de tous aux fondamentaux et à la culture, la recherche du bien-être à l’école et le développement d’un esprit de coopération. Elle s’inscrit dans le projet éducatif de l’Enseignement catholique.

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